Un comédien poussant une brouette à tiroirs parcourt les 215 kilomètres qui séparent le village d'Angoisse et le lieu-dit La Joie. Durant ces 13 jours de marche, celui qui se fait appeler Vieux Néon fait une multitude de rencontres éclairantes. 

Une rêverie ancrée, aussi poétique que politique.

« Sur déjà huit cents bornes en cinq périples, j’avais roulé bosse et brouette, les paumes arrondies ferme sur les poignées des brancards, les pieds compresseurs d’un asphalte vaincu, et d’une marche résolue j’avais terrassé le dragon gravitationnel qui alourdit les départementales et vicinales morbihannaises. Quoiqu’en protestât ma carcasse, j’avais joué chaque soir mon spectacle devant un demi-cent de gens ou un escargot tout esseulé. Moyennant de terribles efforts, j’avais intégré le clan restreint des sommités himalayennes dont la gloire firmamente l’horizon de l’aventure extrême.

Là, posant sur le monde un regard oculaire et ma gourde vide, je décidai de me lancer dans une méditation de 215 kilomètres en treize étapes depuis le village d’Angoisse (Dordogne) vers La Joie, un lieudit supposément situé en Saint-Just Luzac (Charente maritime).
Ce sixième voyage serait l’occasion d’un projet inédit pour ce qui me concerne : produire un documentaire qui restituât au mieux l’alchimie particulière qui nimbe mes déplacements brouettiques. Pour le réaliser, je jetai mon dévolu intuitif sur un artiste multi-clés de 29 ans, Arthur d’Haeyer, dont je pressentais qu’il vibrait au bon diapason. Il signe là son premier long-métrage. »

Extrait du Carnet de bord de Vieux Néon

Un livret de 30 pages, inclus dans le DVD, qui vient en miroir du film d'Arthur D'Haeyer.

Note du réalisateur :
Vieux Néon n'est pas un simple marcheur, c'est L'homme à la brouette, qui avale les kilomètres comme il respire, du haut de ses 69 printemps.
Je l'ai suivi, devancé, attendu, perdu, retrouvé, accompagné ... défrichant durant 13 jours et sans GPS ce mystérieux trajet qui mène de l'Angoisse à la Joie.
Le film est l'empreinte directe de cette errance solitaire, émaillée de rencontres surprenantes et pleines de sens. On glisse, on cahote, on rit, on fait une pause ... Les portes s'ouvrent, et chacun.e nous aiguille à sa façon vers la joie.
Jamais très loin pourtant : les douleurs articulaires, les villages abandonnés, la folie industrielle, le désen­gagement du secteur public, la politique de la peur, le numérique qui nous bouffe ...
Opérant seul, à l'image et au son, j'ai approché les gens et leurs singularités à travers Vieux Néon, sans chercher à disparaître derrière la caméra. Le film est cette relation subjective, bienveillante et spontanée.
Composée par Lionel Epaillard, la musique originale est librement interprétée par le saxophone de Baptiste Boiron qui plane avec virtuosité sur cette aventure à la fois modeste et importante.

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